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L’adaptation fondée sur les écosystèmes

Travailler en harmonie avec la nature pour s’adapter au changement climatique

Ecosystem-based
Adaptation

Working with nature to adapt to a changing climate

L’EbA fait appel à la gestion, la conservation et la restauration durables des écosystèmes pour offrir des services permettant aux populations de s’adapter aux impacts du changement climatique. C’est un concept centré sur les personnes, mais qui reconnaît que la résilience humaine dépend grandement de la santé des écosystèmes.

L’adaptation fondée sur les écosystèmes (EbA) est une solution « naturelle » qui prend une importance considérable dans le contexte de la lutte contre le changement climatique (p. ex. Accord de Paris de la CCNUCC, contributions déterminées au niveau national, plans nationaux d’adaptation) et des politiques de conservation de la biodiversité (p. ex. Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, Objectifs d’Aichi).

Ce qui fait l’originalité de l’EbA, c’est qu’elle associe les approches traditionnelles de conservation de la biodiversité et des écosystèmesà un développement socioéconomique durable dans le cadre d’une stratégie ample visant à aider les populations à s’adapter au changement climatique. Le terme « ample » est utilisé afin de signifier la complexité de l’impact du changement climatique sur les systèmes socio-économiques et environnementaux tout en proposant des solutions fondées sur un dialogue multisectoriel et à multi-niveaux. L’EbA est un concept axé sur les personnes, mais qui reconnaît que la résilience humaine est fortement tributaire de l’intégrité des systèmes.

L’EbA est un concept axé sur les personnes, mais qui reconnaît que la résilience humaine est fortement tributaire de l’intégrité des systèmes.

Dans un contexte d’engagements politiques et de financements croissants, il est indispensable de préciser ce qu’on entend par EbA. Le cadre de définition des critères de qualification et des normes de qualité identifie 3 éléments et 5 critères de qualification.

Les approches écosystémiques d’adaptation au changement climatique (et de réduction des risques de catastrophe, éco-RRC) font appel aux services écosystémiques pour aider les populations à s’adapter au changement climatique et réduire les risques de catastrophe. Il faut pour cela gérer, conserver et restaurer les écosystèmes et la biodiversité de façon durable. Les écosystèmes offrent des services essentiels à la société, notamment des services de régulation et de soutien tels que la pollinisation et la collecte d’eau de pluie dans les nappes phréatiques.

Voici quelques domaines d’impact des mesures d’EbA :

  • Protection contre le désastres naturels : Les écosystèmes sains constituent des barrières naturelles contre les phénomènes météorologiques extrêmes.
    • Écosystèmes comme des récifs coralliens intacts et la végétation côtière peuvent atténuer l’action des vagues et protéger les côtes de l’érosion
    • les tourbières, les marécages et les plaines inondables constituent des zones tampons contre les inondations et la rareté de l’Eau
    • les montagnes et les pentes boisées peuvent stabiliser les sédiments et protéger contre les glissements de terrain et protégeant les maisons et les routes.
  • Bénéfices économiques et rentabilité : Des études réalisées à l’échelle mondiale ont montré que la restauration et la conservation des écosystèmes sont généralement rentables.
    • Une étude réalisée au Vietnam montre que la réhabilitation des mangroves au niveau des villages génère des bénéfices financiers significativement plus élevés, grâce à la réduction des risques de catastrophe et à l’utilisation des ressources naturelles (2,3 millions USD sur 20 ans), que la construction de digues (seulement 0,5 million USD) (Köhler and Michaelowa, 2013).
    • Le ratio coût-bénéfice du retour sur investissement de la réhabilitation des écosystèmes peut osciller entre 3 et 75, par rapport aux dommages économiques causés par les pertes d’écosystèmes (Munang, R., et al., 2010).
  • Co-bénéfices environnementaux, économiques et sociaux : Les mesures EbA sont souvent qualifiées d’options à faible regret ou sans regret car elles peuvent présenter des avantages indépendamment des incertitudes des projections climatiques.
    • La restauration des mangroves : 
      • peut stabiliser les sédiments et protéger le littoral des événements tels que les tempêtes, les ouragans, les ondes de tempête et l’érosion côtière.
      • Peut constituer de nouveaux habitats ou de plus vastes habitats pour les poissons et d’autres espèces qui, à leur tour, améliorent les moyens de subsistance.
    • Contribution à la réalisation des objectifs d’atténuation du changement climatique via :
      • la conservation ou la restauration des forêts et de la végétation côtière, et la réhumidification des tourbières asséchées, pour réduire les émissions de C02;
      • la réduction de la déforestation et de la dégradation des terres, y compris le drainage des tourbières, qui contribue à limiter les émissions de gaz à effet de serre (Duarte et al., 2013Busch et al., 2015).

 

Applications sectorielles de l’EbA

  • Ressources hydriques :
    • La restauration des bassins versants améliore la qualité et la disponibilité de l’eau, bénéficiant ainsi aux communautés rurales et urbaines.
    • La conservation des zones humides régule le cycle hydrologique et réduit le risque d’inondation.
  • Agriculture :
    • La mise en œuvre de pratiques agroforestières augmente la résistance des cultures aux conditions climatiques défavorables.
    • La diversification des cultures et la conservation de la biodiversité agricole améliorent la sécurité alimentaire.

 

Développement de l’EbA en Amérique latine :

Cette approche est en plein essor en Amérique latine, comme en témoignent le nombre croissant de projets et l’intensification de l’action au niveau régional. Des programmes tels que « Scaling up Ecosystem-based Adaptation Measures in rural Latin America » visent à améliorer la résilience au changement climatique des communautés et des écosystèmes vulnérables en Équateur, au Guatemala et au Costa Rica. De même, le programme péruvien « Escalando AbE Montaña » a permis d’établir de l’expérience dans ce domaine dans d’autres parties de l’Amérique latine.

 

Application en contexte urbain et rural :

De même, les exemples de mesures spécifiques pourraient être contextualisés, en fonction de l’environnement dans lequel elles sont développées et de leur impact :

  • Environnements urbains :
    • Les parcs urbains et les toits verts réduisent l’effet d’îlot de chaleur et améliorent la qualité de l’air.
    • La restauration des berges des rivières urbaines prévient les inondations et crée des espaces récréatifs.
  • Environnements ruraux :
    • La conservation des forêts et les pratiques agricoles durables protègent la biodiversité et garantissent les moyens de subsistance.
    • La gestion durable des pâturages améliore la productivité du bétail et la santé des sols.

 

Synergies de L’EbA :

L’EbA, ainsi que l’éco-RRC, peuvent également améliorer la biodiversité et la conservation de la nature :

  • Améliorent la résilience des communautés face au changement climatique.
  • Contribuent à la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques.
  • Promeuvent la participation des communautés et renforcer les capacités locales.

Pour une compréhension visuelle de ces bénéfices et applications, on peut consulter le document « Why working with nature pays » (GIZ, 2022), qui illustre les interconnexions entre l’EbA et les secteurs mentionnés.

Le changement climatique menace les écosystèmes, ainsi que les services qu’ils offrent, et met en péril le développement humain à l’échelle mondiale. L’objectif final de l’intégration des approches fondées sur les écosystèmes est de faire en sorte que l’EbA (et la réduction des risques de catastrophe fondée sur les écosystèmes, éco-RRC) soit la pratique de développement standard afin d’éviter et, éventuellement, de gérer les risques climatiques actuels et futurs. Cela veut dire « agir autrement compte tenu du changement climatique » et nécessite l’intégration de l’adaptation fondée sur les écosystèmes et la réduction des risques dans les décisions de développement, à tous les niveaux et dans toutes les zones à risque.

Illustration 2 : Modèle conceptuel d’intégration de l’adaptation basée sur les écosystèmes dans les systèmes sociaux (GIZ 2025).

Compte tenu de l’expérience accumulée dans le monde entier dans la promotion de l’adaptation (fondée sur les écosystèmes), la GIZ, dans le cadre de l’intégration de l’EbA, adopte une approche conceptuel (appelée cycle d’intégration de l’adaptation, voir diagramme ci-dessous).

Illustration 3 : Modèle conceptuel pour l’intégration de l’EbA à grande échelle, également appelé cycle d’intégration (GIZ, 2023).

Les trois phases principales : 1. la planification, 2. la mise en œuvre et 3. le monitoring, l’évaluation et l’apprentissage se déroulent de manière cyclique, permettant une continuité dans les efforts d’adaptation au changement climatique, en ajustant les stratégies au fur et à mesure des nouvelles informations. Une gouvernance adéquate qui soutient les étapes est la base pour garantir l’exhaustivité et l’inclusivité (y compris des concepts tels que la justice climatique et le fait de « ne laisser personne de côté »). Le renforcement des capacités des acteurs et la disponibilité de sources de financement et d’incitations sont des facteurs de réussite pour l’efficacité et la durabilité des stratégies.

Phase 1 – Planification : Composée de 4 étapes, elle permet d’analyser les contextes, structures et processus de développement à travers le prisme du climat et des écosystèmes, et a quelle manière la conservation et la restauration des écosystèmes peuvent répondre aux risques climatiques, en augmentant la résilience des groupes, des communautés et des secteurs vulnérables. Des outils tels que le Risk and Vulnerability Sourcebook, l’analyse participative coûts-bénéfices et l’analyse multicritères permettent aux décideurs et aux responsables de la mise en œuvre d’identifier les interventions les plus urgentes et les plus stratégiques.

Phase 2 – Mise en œuvre : requiert une planification opérationnelle solide, fondée par exemple sur une théorie du changement, l’implication des principales parties prenantes, des mécanismes de coordination avec les partenaires gouvernementaux et d’autres parties prenantes à l’avance, et s’appuyant sur le renforcement des capacités et le financement à court, moyen et long terme.

Phase 3 – Monitoring, évaluation et apprentissage : un système de surveillance et d’évaluation bien conçu et financé pour un fonctionnement à long terme est la base pour déterminer la pertinence et l’efficacité des interventions sélectionnées et mises en œuvre dans les phases précédentes. La production de preuves est nécessaire pour orienter les investissements financiers et sociaux dans les futurs efforts d’adaptation au changement climatique. Pour plus de détails sur les quatre considérations clés et d’autres aspects, voir le Guide pour le monitoring et l’évaluation des interventions d’adaptation basées sur les écosystèmes.

La plateforme Adaptation Community fournit des outils et des méthodes qui s’appliquent à chaque étape. Les informations contenues dans cette page sont conformes aux CBD’s Voluntary guidelines for the design and effective implementation of ecosystem-based approaches to climate change adaptation and disaster risk reduction (lignes directrices volontaires pour la conception et la mise en œuvre effective d’approches écosystémiques de l’adaptation au changement climatique et de la réduction des risques de catastrophes).

CCNUCC et Accord de Paris : les approches fondées sur les écosystèmes sont une solution prometteuse pour l’adaptation durable et efficace au changement climatique. L’EbA englobe des politiques et des mesures qui tiennent compte du rôle des services écosystémiques dans la réduction de la vulnérabilité sociétale grâce à des approches multisectorielles et multi-niveaux. L’Accord de Paris exige des signataires qu’ils planifient et mettent en œuvre l’adaptation par l’intermédiaire du plan national d’adaptation (PNA), avec des évaluations et un suivi de la vulnérabilité. Le processus du PNA est un important point d’entrée pour l’EbA car il vise à intégrer l’adaptation au changement climatique dans les décisions de développement et les investissements dans le développement. Il peut également constituer l’épine dorsale de la mise en œuvre de la composante « adaptation » d’une contribution déterminée au niveau national (CDN). Certaines CDN font explicitement état de l’EbA, alors que d’autres renvoient aux services écosystémiques comme moyens d’adaptation. Il existe au moins trois moyens de tenir compte de la biodiversité et des services écosystémiques, et par conséquent de l’EbA, dans le processus du PNA :

  • Tenir compte du changement climatique dans la planification de la conservation : les objectifs de conservation sont-ils menacés par le changement climatique ?
  • Tenir compte des mesures d’EbA lors de l’évaluation des impacts du changement climatique et des options d’adaptation : quand appliquer les mesures d’EbA (par rapport aux mesures infrastructurelles « grises ») ?
  • Tenir compte des sauvegardes environnementales pour les mesures d’adaptation : les impacts des mesures d’adaptation sur les écosystèmes sont-ils pris en compte ?

Pour de plus amples informations, le document Briefing Paper on Entry points for EbA mainstreaming: National Adaptation Plans & Nationally Determined Contributions sera bientôt disponible.

CDB – Convention sur la diversité biologique : la CDB joue un rôle fondamental pour toutes les approches fondées sur la nature. La cohérence des politiques nationales et l’harmonisation des rapports sur les conventions peuvent considérablement améliorer l’adoption de l’EbA au niveau national et international. Les mesures politiques respectives doivent également se traduire par une planification et une mise en œuvre infranationales. Les stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB) sont les principaux instruments de mise en œuvre de la convention au niveau national (CDB, article 6). À ce jour, pour intégrer les questions de biodiversité dans les secteurs clés des SPANB, l’accent a été mis sur l’amélioration des résultats environnementaux et sur la réduction des impacts environnementaux. Toutefois, l’intégration de la biodiversité par l’intermédiaire des SPANB peut également donner lieu à d’importants résultats liés à l’adaptation au changement climatique et à son atténuation, à la réduction de la pauvreté, à l’amélioration de la santé et du bien-être, et à une plus grande équité sociale.

Pour de plus amples informations, le document Briefing Paper on Entry points for EbA mainstreaming: Synergies of the Rio Conventions with Ecosystem- based Adaptation sera bientôt disponible.

Stratégie internationale de prévention des catastrophes (SIPC) des Nations unies et Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe : les concepts et pratiques de l’EbA et de la réduction des risques de catastrophe fondée sur les écosystèmes (éco-RRC) ont été élaborés et affinés ces dernières années ; ce sont aujourd’hui des approches intégrées visant à réduire les risques liés au climat et d’autres types de risques. Ces approches soulignent l’importance de la biodiversité et des écosystèmes dans la réduction des risques, et s’appuient sur d’autres pratiques telles que la conservation et la restauration des écosystèmes, qui cherchent à améliorer la résilience des écosystèmes au profit des populations. L’éco-RRC fonctionne conformément au Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 qui encourage les « approches écosystémiques …pour renforcer la résilience et réduire les risques de catastrophe ». L’EbA et l’éco-RRC entrent dans le cadre d’une approche transversale pluridisciplinaire. La coopération entre les deux domaines permet d’obtenir de meilleurs résultats en termes d’accroissement de la résilience. Le partage des connaissances et de l’apprentissage, le renforcement des capacités et une plus grande capacité à concevoir des interventions offrant des avantages multiples ne sont que quelques-unes des options permettant d’améliorer la résilience.

Objectifs de développement durable (ODD) : les ODD sont un appel universel à agir pour mettre un terme à la pauvreté, protéger la planète et garantir la paix et la prospérité pour tous. De nombreux ODD sont directement liés à la santé et la diversité biologique des écosystèmes, ainsi qu’aux services qu’ils offrent. Souvent, les segments les plus défavorisés et marginalisés de la société dépendent énormément des écosystèmes pour subvenir à leurs besoins. L’EbA peut offrir des solutions durables, résilientes au climat et fondées sur la nature, qui couvrent bon nombre des problèmes mondiaux auxquels les ODD s’adressent, en optimisant les synergies et en réduisant les compromis.

Pour de plus amples informations, le document Briefing Paper on Entry points for EbA mainstreaming: Ecosystem-based approaches and the Sustainable Development Goals sera bientôt disponible.

Stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB) (NBSAP en anglais) : Les SPANB fournissent des orientations stratégiques au niveau national sur la protection et la gestion de la biodiversité dans un pays et constituent le principal outil guidant les actions de mise en œuvre du cadre mondial pour la biodiversité au niveau national. Les pays qui sont en train de réviser leur SPNAB peuvent s’inspirer étroitement de leur PNACC et des évaluations des risques climatiques qui y sont associées pour comprendre et intégrer des informations détaillées sur les vulnérabilités des écosystèmes et les risques qu’ils encourent en fonction des différentes trajectoires climatiques.

Contributions déterminées au niveau national (CDN) (NDC en anglais) : elles ont été établies dans le cadre de l’Accord de Paris et sont les plans dans lesquels chaque pays décrit et communique ses actions climatiques post-2020.

Les CDN ont pour double objectif de fixer des objectifs et un plan d’action pour réduire les émissions et d’inclure des informations sur l’adaptation au changement climatique. Les pays doivent communiquer de nouvelles CDN en 2025 qui visent à démontrer des progrès au-delà de leurs CDN actuelles et qui reflètent l’ambition la plus élevée possible. Pour les pays qui ont inclus une composante adaptation dans leur CDN, le processus PAN et ses résultats pourraient être utilisés pour améliorer la qualité des informations relatives à l’adaptation dans les CDN.

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