Selon les 13 principes de l’agroécologie (voir Quelle théorie sous-tend l’agroécologie ?), il existe différents points d’entrée à l’ACC.
Les principes de recyclage, de réduction des intrants, de santé du sol, de biodiversité et de diversification économique offrent des points d’entrée à l’adaptation au changement climatique d’un point de vue agroécosystémique. En appliquant ces principes, les communautés rurales peuvent réduire les risques de perte de revenu liés aux mauvaises récoltes d’origine climatique. La diversification des agroécosystèmes, p. ex. grâce à l’introduction de méthodes agrosylvopastorales et de pratiques de gestion agricole telles que les cultures associées, le cycle des nutriments et le labour de conservation du sol, accroît la résilience à la sécheresse en améliorant la rétention d’eau et les microclimats. Au-delà de l’adaptation, l’accroissement de la séquestration du carbone dans le sol et la réduction du recours aux combustibles fossiles contribuent à atténuer le changement climatique.
L’agroécologie ne concerne pas seulement des risques climatiques particuliers. Elle améliore la fourniture de services écosystémiques et, pour finir, entraîne une résilience accrue des systèmes agricoles et des moyens d’existence au changement climatique.
L’intégration des systèmes permet d’accroître les co-bénéfices de l’agroécologie pour l’ACC. Grâce à l’intégration de l’agroécologie à l’échelle du paysage et du système alimentaire, on peut obtenir des paysages et des moyens d’existence plus résilients.
Au niveau communautaire ou sociétal, des principes tels que la cocréation de connaissances, les valeurs sociales et l’alimentation, l’équité, la connectivité, la gouvernance foncière et celle des ressources naturelles, ainsi que la participation, servent de points d’entrée à une amélioration de l’adaptation au changement climatique pour les communautés rurales et urbaines. La participation et les liens entre les parties prenantes peuvent servir un type de gouvernance des terres et des ressources naturelles en adéquation avec les conditions locales et flexible face à un environnement fluctuant. L’intégration de différents types de connaissances entraîne des innovations technologiques et sociales localement adaptées et pertinentes, qui renforcent les moyens d’existence dans leur adaptabilité et leur résilience au changement climatique.
Toutefois, l’agroécologie ne tient pas encore compte des données sur le changement climatique prévu et produit par conséquent des avantages climatiques non prévus. Néanmoins, en suivant les 13 principes de l’agroécologie, l’ACC peut être intégrée à quatre niveaux différents : celui du champ, celui de l’exploitation et des moyens de subsistance, celui du paysage ou de la communauté, et celui du système alimentaire (voir Figure 2). Pour obtenir des avantages plus importants, un accroissement des investissements publics et privés, l’application de politiques adaptées de subventionnement de la production agroécologique, ainsi qu’une collaboration plus étroite entre les responsables des orientations politiques et les chercheur·e·s, sont primordiaux.

Figure 2 : Cadre de compréhension de l’adaptation agroécologique au changement climatique à différents niveaux, montrant également comment elle est influencée par la gouvernance des secteurs public et privé (Source: Sinclair et al. 2019).
En résumé, des preuves solides montrent que l’agroécologie accroît la résilience, notamment en renforçant a) les principes écologiques, en particulier la biodiversité, la diversité générale et les sols sains ; et b) les aspects sociaux, en particulier la cocréation et le partage des connaissances, ainsi que l’ancrage des traditions. L’agroécologie étant étroitement liée à l’adaptation fondée sur les écosystèmes (AfE, ecosystem-based adaptation – EbA), cette dernière peut servir de lien entre les communautés agricoles et climatiques. D’une part, on pourrait considérer que l’agroécologie fait partie du concept, plus vaste, de l’AfE, mais en mettant l’accent sur les secteurs agricoles et alimentaires ou sur les paysages cultivés. D’autre part, on pourrait dire que l’agroécologie applique l’AfE aux trois premiers niveaux de transformation (voir Figure 1) mais va au-delà de « l’utilisation de la biodiversité et des services écosystémiques dans le cadre d’une stratégie d’adaptation générale » en tenant également compte de la sphère politique et sociétale.